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Nouvelle baisse des taux de la BCE : vers des crédits immobiliers plus favorables ?

La Banque centrale européenne (BCE) a récemment décidé d’un nouvel assouplissement de sa politique monétaire, marquant une troisième baisse consécutive de son taux directeur en 2024. Cette décision, prise le 17 octobre lors d'une réunion à Ljubljana, intervient alors que l'inflation dans la zone euro est désormais sous les 2 %, et que la situation économique reste fragile. Avec cette nouvelle baisse de 0,25 point, tous les regards se tournent vers le secteur immobilier, où l'on espère un impact positif sur les conditions de crédit.

 

Des crédits immobiliers bientôt plus accessibles ?

 

La baisse du taux directeur de la BCE est perçue comme une opportunité pour les banques d'emprunter à moindre coût. Cette situation pourrait les encourager à abaisser leurs propres taux d’intérêt, facilitant ainsi l’accès aux crédits immobiliers. Ludovic Huzieux, fondateur du cabinet Artémis courtage, anticipe une nouvelle baisse des taux d’emprunt d’ici fin 2024 ou début 2025. « Les taux des crédits immobiliers devraient descendre aux alentours de 3 % pour des prêts sur 20 ans, et entre 3,15 % et 3,20 % pour ceux sur 25 ans », estime-t-il. Cela constituerait une baisse notable, puisque les taux actuels sont de 3,35 % sur 20 ans et 3,60 % sur 25 ans.

Depuis le début de l'année, les taux ont déjà chuté de près de 0,70 %, et cette tendance semble relancer les demandes de crédit. Artémis courtage annonce une augmentation de 30 % des crédits accordés par rapport à la même période en 2023. Un phénomène que Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux, confirme : « Depuis septembre, nous observons une dynamique très positive, avec un retour au niveau des demandes de crédit observées en mars 2023. »

 

Les banques s’adaptent pour soutenir les primo-accédants

 

Conscientes des défis que les primo-accédants rencontrent face à la hausse des taux, les banques ajustent leurs offres pour attirer cette clientèle, particulièrement affectée ces dernières années. La Banque Populaire et le Crédit Mutuel, par exemple, ont réagi à l'élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) à toutes les régions françaises en proposant un doublement du prêt, permettant aux jeunes acheteurs de bénéficier de 25 000 euros supplémentaires.

D’autres initiatives se multiplient, comme celle du CIC qui a lancé le « Prêt Immo Nouvelles Formes d’Emploi », un crédit immobilier à taux fixe conçu spécifiquement pour les actifs sans CDI, tels que les micro-entrepreneurs, intérimaires ou intermittents du spectacle. Cette offre vise à pallier les difficultés rencontrées par ces profils pour accéder à des financements immobiliers classiques.

La Caisse d’Épargne, de son côté, mise sur des dispositifs novateurs pour favoriser l’accès à la propriété des primo-accédants. Parmi eux, le prêt évolutif « Grandioz », qui permet d’augmenter la capacité d’emprunt avec des mensualités plus faibles au départ, et le « bail réel solidaire », une formule permettant de dissocier le foncier du bâti et de bénéficier d’une réduction de la TVA à 5,5 %, réduisant ainsi le coût global de l’acquisition de 25 à 40 %.

 

Une vague de renégociations de crédits en vue ?

 

La baisse des taux suscite également des questions sur la renégociation des crédits immobiliers. Bien que cette option soit encore peu répandue, elle gagne en popularité. Selon Maël Bernier, les renégociations représentent aujourd’hui 3 % des demandes de crédit, un chiffre en légère augmentation. Les emprunteurs ayant contracté des prêts à des taux supérieurs à 4,20 % sont particulièrement concernés, notamment ceux qui ont signé à l'automne dernier, une période marquée par un net ralentissement de la production de nouveaux crédits.

Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, précise que la renégociation devient intéressante dès qu'il existe un écart d'au moins 0,7 point entre les taux. « Les taux actuels tournent autour de 3,50 % sur 20 ans, contre 4,30 % fin 2023. Cet écart de 0,8 point rend la renégociation intéressante, mais la majorité des prêts concernés sont trop récents pour que l’opération soit véritablement rentable. Il est conseillé d’avoir amorti son crédit pendant au moins deux ans avant de se lancer dans une renégociation. »

 

Un marché en pleine mutation

 

La baisse des taux directeurs de la BCE semble marquer un tournant pour le marché immobilier. Les banques réagissent en proposant des offres plus attractives, et les primo-accédants, premiers touchés par les hausses de ces dernières années, pourraient bénéficier de cette nouvelle dynamique. Si les conditions de renégociation des crédits restent encore limitées, la situation pourrait évoluer favorablement dans les mois à venir, créant ainsi un contexte plus propice à l’accession à la propriété pour une large partie de la population.